Ce livre est à la fois un roman sur le sport, la beauté et la perfection du corps et du geste, un hommage puissant à la gymnaste, à son endurance, à son acharnement pour vaincre et devenir la meilleure au prix de son existence entière. Il est aussi le roman d'une époque historique sombre, celle de la guerre froide, d'un système totalitaire et d'une jeune fille manipulée par le pouvoir roumain mais aussi par l'Occident, dépassée par ses performances et l'utilisation de son image de championne. La démarche de l'auteure est tout à fait originale, puisqu'elle choisit non pas de raconter la vie de la gymnaste avec un souci d'authenticité pure, mais plutôt d'imaginer ce à quoi sa vie a pu ressembler, avant et après sa fulgurante célébrité que lui a valu sa performance lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976, de "combler les trous". La retranscription des échanges (imaginaires?) entre l'auteure et la gymnaste apporte d'ailleurs une perspective supplémentaire à l'histoire, assez originale et parfaitement exploitée. La petite communiste qui ne souriait jamais est aussi et avant tout un hommage aux sacrifices physiques, personnels, à la mentalité de fer de cette championne hors norme. C’est une histoire du XXème siècle à travers l’histoire d’une de ces icônes populaires dont il est question. Et c’est magnifique.
Lola Lafon